Tes yeux bruns
Etendue sur l'herbe fine tu regardes le jour levant
Et le rayon doré du soleil caresse ton visage de sa main naissante,
Faisant papilloner te paupières telles les ailes du tristan
Dans un murmure symphonique d'oiseaux et de mantes.
Tes yeux sont merveilles, ronce de noyer que le ciseau a sculté
De la main du seigneur, leur donnant cet éclat cendré
Que je m'attarde à admirer me laissant emporter
Dans des paysages dont nul ne peut rêver.
Et quand les gouttes de pluie viennent à tomber doucement
Arrivant des étoiles arrivant du firmament,
Il suffit que tu les regardes un instant
Pour qu'elles se transforment en perles de diamant.
Regarde moi ma douce de tes yeux bruns noyer
Et que je crie au monde que j'en suis amoureux,
Afin que les galants sachent que dans les tiens je veux me noyer
Partant pour l'éternité et mourant heureux.
Juan
Sourires parfumés
Mots de rosée qui avec pudeur ruissellent sur ce fantôme du passé
Où le futur, farceur incorrigible change sans cesse nos plans,
Quand mes sentiments de rêveries s'attardaient sur ces chemins blessés
M'emmenant d'un pas léger la main au coeur et l'esprit au vents.
Enfance insouciante, ton parfum de mille jeux sages
Au coin du feu crépitant que maman attisait,
M'enivre encore aujourd'hui à l'aube du grand voyage
Où leurs souvenirs me réchauffent le coeur de leurs ton gais.
J'ai bu ma jeunesse en feuilletant mille fleurettes
De l'aube au crépuscule aux senteurs de l'ivresse,
Que le temps filait vite sur ces jeunes pâquerettes
Quand mes mains n'osaient pas de leurs étroites maladresse.
La vie s'est parfumée de tes rares sourires volés au temps,
Volés aux pensées qui me déchirent les chairs d'une délicieuse souffrance,
Dont je ne saurai plus m'en passer, cicatrices qui se soignent aux vents
Chargées de cette amitié amoureuse qui fait de ma vie une danse.
juan
Rêve d'enfant
Je me rappelle de ce monde qui n'existait pas encore
Quand le vent soufflait sur les dunes enneigées du Sahara,
Et que l'arc en ciel noir de ses cent bras couvert d'or
Flottait sur les mers nageant comme un baracouda.
Les montagnes étaient plates et leurs sommets transparents
D'où on pouvait voir le ciel, carré rouge sur un fond d'algues
Mouvant, que l'on touchait aux premières heures du levant
Sans effrayer les oiseaux aux pattes couvertes de bagues.
Puis il y avait ces forêts aux arbres sans troncs, aux branches trouées
Dont les feuilles translucides émettaient cette lumière qui n'arrivait jamais,
Et que les troncs voulaient voir pour pouvoir se nouer
Aux racines flottantes qui ne naissaient jamais.
Puis j'ai éclairé ma lampe me frottant les yeux, me coiffant à peu près,
Le ciel était là de son bleu divin et l'arc en ciel de ses tendres éclats
Caressait la montagne et la forêt de ses arbres aux troncs bien plantés
Et je m'aperçus, enfant que j'étais, que j'avais encore rêvé.
Juan
Regrets
Où es-tu princesse de mes rêves que timidement j'avais embrassée
Ce jour d'été à la Romeraie quand le soleil coquin nous épiait
De ses rayons piquants, de sa tendre clarté, et déjà étions nous enlacés
Dans ce monde lointain que nous parcourions de nos regards attentionnés
Rappelle-toi ma douce le bruit fébrile des feuilles et de ces peuplier,
Qui de leur majestueuse hauteur semblaient nous surveiller
Comme une garnison rangée de vaillants grenadiers,
Aux baïonnettes de métal que le soleil faisait briller.
Triste sentiment qui soudain parcourt mon esprit d'un vol lourd
Quand le ciel devient gris et que les portes bleues du bonheur,
Se ferment lentement dans le noir d'un bruit sourd,
Me laissant abasourdi la main contre mon coeur.
Triste bonheur, comme tu étais beau quand de toi je rêvais,
Et toi triste malheur, te voilà moi qui de toi point n'en voulait,
Ma pauvre âme la gorge sèche dans ses souvenirs s'abreuvait,
Mais déjà la mort était là quand le coeur m'oubliait.
Juan
Prière matinale
Le jour s'est levé et sur mon passage l'herbe humide se tapie puis se redresse,
Apprêtant l'oreille pour ma prière matinale dont mes arbres sont friands.
Les grenouilles dans leur mare, jeunes demoiselles verdoyantes de la Bresse,
Se hâtent et s'alignent comme des soldats pour mon discours chantonnant.
Ah ! mon grillon, te voilà réveillé toi aussi de tes ailes engourdies,
Approche de ton pas hésitant écouter ma journalière complainte,
Te joindre à mon désespoir qui me dévore l'âme et l'esprit
Et m'apaiser de ce mal qui coule sur mes veines saintes.
Et toi mon cyprès à l'allure élégante, que j'ai planté un jour d'automne,
Ou vous mes lilas qui fleurissaient ma vie, venez vous joindre à moi
Que votre force se joigne à ma prière, à genoux près de l'aulne,
Et que le vent emmène ces mots mettant fin à mon désarroi.
Juan
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