Promenade sur mon chemin
Les chèvre-feuilles de mon chemin sentent bon à l'aurore
Quand le soleil dormant effleure leurs pétales d'une main attardante,
Et qu' il m'entend chanter le coeur en fête, dans son parcours aux gerbes d'or
Regardant ses rayons glorifier leurs couleurs de palettes innovantes.
Alignés par une main adroite, les charmes aux feuilles finement dentées
De leurs soupirs odorants, s'étirent de tout leur long sur mon passage
Me saluant discrètement, et heureux regardant leur feuillage venté
Je leur parle tout bas leur rendant hommage.
Marchant d'un pas lent jusqu'à la lisière du bois
Mon coeur s'émeut dans ce calme royal,
De ne plus entendre la biche aux abois
Quand les chiens aboyaient aux ordres des chacals.
Le sphinx gazé aux ailes de velours dans sa danse coloriée
Caresse les fleurs de sa souple trompe, et butinant ces trésors cachés
Je le contemple admiratif debout sans bouger,
Le laissant voltiger jusqu'aux derniers rayons de ce soleil d'été.
Lumière ondulante qui s'estompe comme une vague mourante
Couvrant les jeunes chênes de ta cape dorée,
Je te regarde mourir emmenant de l'autre côté du monde
Les reflets de mon chemin où souvent je m'attarde pour rêver.
Juan
Pleurs et souffrances
Âmes extirpées comme de simples dents, on vous arrachait de vos maisons
Sous un cliquetis d'acier aux canons béants,
Quand vous descendiez les escaliers à coup de bâtons
Le corps ensanglanté, les yeux dans le néant.
Souvenirs qui s'envolent d'une vie de couleurs
Quand vous quittiez sous la force des armes,
Dans l'aboiement féroce de leurs chiens tueurs,
Vos proches et amis dans d'amères larmes.
Voyage interminable dans ces wagons de fer
Quand l'air froid vous gelait l'âme et le corps,
Vous endormant à moitié dans ce bruit d'enfer
Et vous emmenant déjà parmi les morts.
Cris et douleurs aux files parallèles bordées de soldats,
Leurs coups étaient durs sur vos chairs affaiblies,
Qu'ils infligeaient sans pitié sous des bruits de pas,
Quand la lune se levait dans ces camps de l'oubli.
Priez âmes libres d'aujourd'hui, que plus jamais n'entendions
Le bruit des pas dans la nuit, et ces mille cris de souffrance
Que beaucoup ont connu sous les griffes de ces fous lions
Avant de partir en fumée dans ces cieux d'espérance.
Juan
Notes de mon ruisseau
J'entends tes pas qui arrivent comme ceux de la louve
Indécis et tremblants, feutrés et inodores,
Remplis de mystère telle une barque sur la douve
Quand le soleil se couche sur ton mince corps.
Allongé sur l'herbe douce qui me chatouille le menton
Je t'écoute chanter aux étoiles naissantes,
Quand déjà la rosée de sa main humide donne le ton
Que le vent éparpille de ses notes caressantes.
Au fond de ton lit mille herbes poussent au gré de ton onde et de la lumière,
Que les ablettes mordillent de gestes vifs allant et venant comme des ressorts,
Dont leurs nageoires tels des coquelicots vivants battent l'eau claire
De notes sourdes faisant danser élégamment leur corps.
Puis d'un geste doux je caresse ton onde que le soleil a réchauffé,
Et à travers ma paume passe ta vie aux notes gaies, aux son bouillonnant
Que ton sang ruisselant amène de cette source cachée,
Dont seules les princesses connaissent l'endroit de ce trésor chantonnant.
juan
Nature divine
Dans ces chemins de bohème entre violettes et marguerites,
Je me donne au vent, défiant leur force d'une gymnastique fébrile.
Mes membres sont lanières, mon esprit mythique
Et je danse aux étoiles comme un pantin agile.
La biche craintive de son pas de velours est sortie du bois,
Sa robe fumante de rosée se confond dans la brume au loin,
Et dans le feuillage doré que l'automne a peint au son du hautbois
Je regarde émerveillé soupirant longuement en serrant mes poings.
Le soleil frappe à la porte de sa main dorée, et la forêt s'éveille
Étirant ses branches d'une douceur maternelle,
Réveillant l'oisillon dans son nid de paille
Dans un chant berçant déjà les hirondelles.
Nature divine, tes couleurs m'enivrent de leurs douceurs matinales,
Et je cours dans tes chemins où le chèvre-feuille fou
Embaume l'air humide de ses senteurs florales,
Berçant mon coeur dans tes sentiers fleuris que caresse le vent doux.
Juan
Moi ton poète
De mon humble plume les mots naissent, s'envolent, puis meurent
En un soupir exaltant laissant leurs traces sur le parchemin,
Pourque toi ma belle de l'autre côté du monde où passent les heures,
Puisse les lire une larme à l'oeil en attendant sagement demain.
Dans mes peines et mes joies tu me reviens sans cesse,
Légére et souriante, dansant dans la brume où ton voile d'argent
Enveloppe ton corps de reine attendant les caresses
De mes vers amoureux en ce jour de printemps.
Voyageant dans les lignes et t'enveloppant de pensées rêveuses,
Je caresse ma plume de mes sentiments tremblants,
Inventant des mots nouveaux pour toi mon amoureuse
Quand ton voile tombe dans ces moments troublants.
Danse ma douce de mes mots ennivrants, et quand viendra la lune
De son pas galant, laisse moi timidement de mes doigts hésitants
Rhabiller de ce voile d'argent ton corps valloné comme une dune
Dont sa beauté interdite me laisse rêveur bien des instants.
Juan
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