Le voyageur
Toi le voyageur infatiguable aux senteurs d'ocre et de terre,
Sais-tu qu'à travers ton mystère se racontent des heures interminables.
Des sourires, des pleurs, et bien des présages, aux lueurs de guerre
Se sont écrits sur ces visages ridés aux traits infatigables.
Dunes brulantes de sable rose où les mirages d'Asila dansant
De leurs formes tremblantes t'emmenaient jour et nuit,
Dévorant ton esprit de connaître sous ces cieux d'Allah
Ces hommes bleus aux pas sans bruit.
Chemins de cailloux brisant tes bottes aux lacets défaits,
Le coeur en bandoulière dans ces routes escarpées,
Tu cherchais les sentiers de mousse aux pas étouffés,
Allongeant ton corps sur l'herbe tendre en attendant Cassiopée.
Ruisseaux chantonnant et fleuves boueux aux courants grondants,
Vos courants me portent de contrées en contrées,
Et moi humble voyageur au coeur tendre et aux souliers de vents,
Je caresse votre onde me laissant emporter.
juan
Le pont de pierre
Je marche le long du ruisseau sur ses berges vallonnées
Caressant les hautes herbes d'un geste rêveur,
Faisant s'envoller papillons des daphnés
Dans une danse silencieuse de leurs ailes aux tendres couleurs.
Non loin de là à quelques regards émerveillés, le pont de pierre
Dont sa voute moisie suinte la douleur de son poids,
Par delà les vents les gels et la foudre et le lierre,
Que les soldats traverssèrent sur leurs jambes de bois.
Sous ses pieds centenaires le rapide torrent vagabonde
Ecumant sa colère de reflets ondulants,
Et son chant bruyant s'échappe de l'onde
Résonnant comme un coup de canon.
Et demain je reviendrai de mon pas lent en fin de journée
Me tenant presque droit sur ma jambe de bois,
Te regarder et t'admirer, me rappelant qu'il y a bien des années
Je te traversais de tout ton long courant aux abois.
Juan
Le cercueil de l'amitié
Planches de chêne centenaire aux nervures nobles, aux poignés d'or,
Ou vulgaire sapin aux fibres sèches aux taches sombres,
Vos bois m'indifèrent de vos vies antérieures, de vos sols et de vos lords
Quand dix pieds sou terre nous serons plus que des ombres.
Jour de deuil aux palabres incencées, au scandale conjugal
D'une amitié effacée, quand la Romeraie de ses éclats nous invitaient...
Oh injustes lois aux textes bibliques qui partout voyaient le mal
Quand nos âmes endolories se mouraient dans de tristes pensées.
Le temps est passé de sa lourde main et de son esprit de fer,
Aux juges sévéres, aux verdics tranchants de cette sentence aveugle
Dont la lame séparatrice dans sa chute mortelle se moquait bien de hier,
Nous laissant agoniser l'un loin de l'autre dans une souffrance sprituelle.
Point de bois et point de poignées, notre cercueil sera la liberté
Emmenant nos pensées inachevées au grès du vent,
Comme ce jour à la Romeraie où nos âmes voltigeaient sans anxièté
Dans un monde transparent sans juges ni tourments.
Juan
L'amitié
Faisons un détour de nos fortes pensées sans entrechoquer nos prôches,
Afin de comprendre et d'expliquer cette puissance qui nous qui nous gouverne.
Sainte intuition et conseils déroutants, nos âmes telles la roche,
Exquivent leurs coups d'un bouclier d'amour et de verne.
Miséreux manants, votre pouvoir est grand de vos paroles insencées
Qui ne terniront jamais de souille notre belle amitié.
Souffrez dans votre âme, et pleurez votre liberté à demie effacée,
Dont nous seuls avons les clefs de ce monde sans pitié.
Ma vie est amour, débordante de couleurs dont vous n'en jouissez point,
Et me mettre à votre hauteur, dieu m'en écarte de sa main divine,
Pourqu'un jour puissiez comprendre votre solitude; De vous je veux être loin.
Oyez de vos oreilles bouchées, mon chemin était déjà tracé de toile et de sanguine.
Amitié, voyelles et consonnes d'amour aux sons différents qui entravent ma vie,
Qui m'enpêchent de dormir me menant à l'oublis.
De grâce, ouvrez vos coeur que je finisse ma vie
Le coeur vers Fanfan, la main sur le romarin et l'esprit sans soucis.
Juan
La plume
Je tiens ma plume dessinant quelques hiéroglyphes qui, avec un peu d'imagination
Se transformeront en vers lui laissant son esprit fugitif pour m'évader.
Je suis effondré de cette lassitude qui noie mon esprit comme des alluvions,
De ces vers éphémères qui recherchent l'immortalité.
Belles pages blanches caressées comme une maîtresse,
Tes émotions se dessinent de son sang indélébile,
Dont les sentiments sont tendresse et richesse,
Nous traversant le coeur d'une flèche d'or et de fil.
Triste vie pour moi pauvre poète qui façonne les mots pour faire rêver,
Et qui faute de temps, me condamne à ranger mon outil.
Agonie cruelle et plaintes silencieuses, d'un geste lent j'ai fermé le plumier.
"Demain il fera meilleur" m'a- t-elle soupiré papillonant de ses cils.
Prêter l'oreille il a fallu pour l'entendre converser de sa voix biblique.
Demain le jour sera encore plus beau et je la retrouverai se reveillant de bonheur,
S'étirant sous sa couverture feutrée, l'esprit innondé de phrases magiques.
"Dors ma belle", lui-ai-je soupiré en fermant le couvercle une main contre mon coeur.
Juan
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