Mon chemin
Chemin de bruyère qui en été mène au bois
Ton parfum m'enivre de ses senteurs florales,
Les chênes de leur majestueuses présences te servent de toit
Te protégeant du vent et de ses fortes rafales.
Ton parcours est serein parmi les étangs scintillants
Où l'ombre et la lumière te transforment en ruban,
Large de dix pouces et long de cent pieds toujours étincelant
Offrant ta douce fraîcheur aux passages des faons.
Puis l'automne arrivera de son pas tranquille
Chargé de ses milles couleurs caressant les esprits,
Rêvant de toiles aux teintes d'argile
Pour ne point oublier ton riche habit.
As-tu songé à l'hiver mon pauvre chemin, au maître glacé
Dont sa main blanche sans pitié couvrira nos pas égarés,
Te confondant à la brume matinale et aux étangs verglacés
La neige comme linceul et le ciel pour pleurer.
Voilà le printemps mon doux chemin renaissant de l'ombre,
Tes charmilles bourgeonnent et ton coeur chante...
La mélodie des jours heureux est là, finit la pénombre,
Ton habit est couleurs et moi aussi je chante.
Juan
Mes souffrances et mon amie
Je crie aux arbres solitaires ma tristesse
Quand la rosée tendre vient me rejoindre
De son pas feutrés et de sa main de déesse,
Ma voix est usée de mon âme en détresse.
Je jette aux vents mes désespoir et mes rêves évanouis,
Aux aurores parfumées de chèvrefeuille sauvage,
Et ma vie se meurt aux lueurs de l'espoir, quand nait le gui
Et que la lisière du bois devient sombre sarcophage.
Somptueux paysages que je dessine en rêvant
Aux couleurs tendres et aux lumières sauvages,
Cette robe blanche qui te va comme un gant
Te convertie en princesse aux mille voyages.
Vole vers demain de ton pas hésitant douce amie,
Où le temps pressé s'arrête pour te voir passer, triste et langoureuse
Dans ta danse rêvante aux pas feutrés, loin des ronces et des taillis
Où ta robe de fée se marie aux douceurs de ton âme amoureuse.
Juan
Ma maison
Je sais, je ne suis point roi, sans cour ni valais,
L'or ne me fait point soucis et bien moins les armées.
Mon chateau est de bois sans drapeaux, et loin d'être un palais,
Juste une jardin et un portillon comme entrée.
Quand la nuit tombe les étoiles s'invitent de leur douce lumière,
Les figures qu'elles dessinent par le toit je les vois,
Surprenant les deux ourses dans leur ballet millènaire,
Et de mon lit les admirant tel un roi.
Mon jardin est serein sans bruit et sans carosses,
Et le faon douillé dans ses sabots de velours,
Aime s'y promener à travers les bosses,
Sautillant de bonheur jusqu'à la fin du jour.
Voilà ma reine, je ne suis point roi et n'ai poin d'or,
Ma maison est la tienne et les étoiles aussi,
Contemplant notre amour dans leur cape d'or,
Jusqu'àu dernier soupir de leur vie.
Juan
Libre de moi
Sortilège des croyances, ah si le Christ n'était pas venu !
Je ne suis pas de ce monde et bien moins chrétien,
N'ayant pas le sens moral et m'en fichant des vertues,
Je ne suis qu'une brute dans le mal et le bien.
Je vivrai ma voie éternellement connaissant la joie de vivre
De cette nature primitive épanouie de ses guerres,
Loin des éthiques artificielles et de paroles ivres,
De contraintes et de disciplines mensongères.
Balauds aux cols roulés et aux corps gras, approchez de vos pas instables
Vous tenir à la rampe crasseuse que je n'oserai toucher,
Vous entendre vomir de vos haleines putrissables,
Vos paroles qui m'écoeurent de leurs sons taverniers.
Puissants bêlitres, bafoueurs arrogants aux doigts crochus,
Je file entre vos mailles et la pensée est ma liberté,
Me relier à vous et à vos idées, serais-je aussi fourbu,
Je suis libre de vent voyageant jusqu'à l'éternité.
juan
Les lilas
A l'ombre d'un chêne tu levais la tête pour ne pas t'asphixier,
Et moi l'inconnu aux mains vertes a su te redonner vie.
Tu étais menu, fragile, tu ne tenais plus que par un pied,
Et te plantant à ses côtés de nouveau ta sève revit.
Ta vie dans ces terres arides ne fut qu'enfer
Dévoré par la maladie et l'insoucience des enfants.
Tu t'accrochais à la vie dans ces chemins de bruyère,
Tes habits tombaient en lambeaux et ta vie n'était plus chant.
Je t'ai ramené d'Andalousie où tu étais perdu et nu,
Où le soleil devait nourir ton ramage et les sources ton feuillage,
Mais dame nature a changé, et le soleil couvert par les nues
A fait de ton existance une vie sans éclats, toi qui rêvait de marécages.
Puis avec amour je t'ai planté à côté du lilas des Dombes, au pays des grenouilles,
Mon lilas à moi, qui se mourait de solitude malgrès l'amour de ce monde.
Que vos racines s'entrelacent comme des amoureuses dans cette terre de rouille,
Pourque vos fleurs se ressemblent et que vos parfums m'innondent.
Juan
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