La forêt
Sur la colline des coeurs en peine le soleil s'endort de ses rayons dorés,
Et sa main tiède caresse les souvenirs pêle-mêle.
Les peupliers ventés de la cime au pied s'étirent, et le noyer
Délicatement enfin soupire de son élégance spirituelle.
L'air doux fredonne sa romance, et Vénus commence à naître
Scintillante de pureté que les amoureux contemplent de leurs regards innocents.
Le bois s'étire de sa chaude journée, impatiente et voyant apparaître
La rosée de sa robe perlée embrassant ses enfants aux branches par cent.
La lune s'est levée, belle de sa robe abricot, de son éclat discret
Glissant son regard millénaire entre feuilles et racines entrelacées.
Milles âmes de l'ombre naissent avides de vie dans ce monde distrait
Où la mort les attend silencieuse, rapide pour les effacer.
Au fond du bois le ruisseau chuchote à mes pieds, des plaintes et voeux
Que des âmes en détresse ont versé dans son sang transparent.
Moi aussi pauvre diable, dans ce calme apaisant et langoureux,
De mon regard amoureux je caresse le ruisseau de son chant enivrant.
Juan
La clé des interdits
L'étang est là scintillant de lumière, et son onde apaisante qui gouverne nos esprits
Brille dans tes yeux verts comme une pluie de diamant.
Le chêne majestueux nous a vu passer main dans la main, comme deux écoliers qui rient
Suivant leur chemin sans se soucier de demain, tels deux amants.
Te souviens-tu douce amie du temps passé, du temps perdu,
Du temps où nous n'étions rien, où l'on croyait tout savoir,
Du chemin de la vie, celle qui nous a mordu
Quand le ciel semblait bleu derrière ces nuages noirs,
Regarde au loin ma belle, le pont de bois nous attend
Aux traverses centenaires que mille pas foulèrent sans trop s' y attarder.
Pressons nous, tes yeux tendres me dévorent l'esprit et nous n'avons plus guère le temps,
Nos pensées se marient en une union parfaite et nos âmes se mettent à bavarder.
Donne moi ta main ma belle, et embrassons nous comme des écoliers
Le coeur palpitant de ce bonheur caché dont ce pont est témoin.
Lance la clé vers l'onde profonde, là où personne n'ira la chercher
Et dont nous seuls dans notre âme meurtrie connaissons le besoin.
Puis j'ai regardé les étoiles les reliant entre elles par un ruban d'amour,
Reflétant sur l'eau ce merveilleux dessin qui nous était destiné.
La lune était là aussi veillant sur notre secret jusqu'à la fin des jours,
Et pensant à toi le coeur amoureux je me suis mis à chantonner.
Juan
J'aime...
J'aime me promener sur le chemin du lac quand le soleil se marie avec l'horizon
Et quand ses derniers rayons dorés ressemblent aux laves du volcan.
J'aime écouter à travers le feuillage de l'aulne ombrageux près de ma maison,
Ta voix de ce chantonnement qui me réchauffe, moi ton doux amant.
J'aime marcher sur le chemin des étangs que tu as embaumé de ta présence
Quand le jour se lève discret et frileux sur ses eaux fumantes de la Dombes.
J'aime m'attarder sur la trace de tes pas que la terre molle a gardé en abondance
Et jusqu'à la nuit tombante je les suivrai le long des sentiers tendres.
J'aime regarder les étoiles te cherchant parmi Hercule et Orion
Dessinant ton joli prénom de points brillants,
Eclairant mon chemin d'une palette d'émotions
Quand la lune se marie dans ce ballet scintillant.
J'aime converser avec le vent qui emmêlait tes cheveux ma douce adorée,
Emmenant ton parfum dans un tourbillon dansant,
J'aime le romarin qui a gardé tes tendres caresses et ta voix dorée,
Me les faisant partager tous les matins de ses mots chantants.
Juan
Fleur sans parfum
Mélancolie amicale, ton parfum m'exalte de senteurs inodores,
Le soleil est au couchant de sa robe de larmes,
Je vogue aux chants de prières aux sons d'or
Quand mon cœur se prélasse où tes pensées me désarment.
Prenez mon cœur et mon esprit vents des quatre vents,
Sillonnez mon malheur de ces fautes d'insouciance
Où la parole est reine où la parole est vent,
Que de larmes versées en si peu d'alliance.
Coquelicots aux champs de blé, inodore de naissance
Tu me ressembles de ton rouge sang, de ta couleur flamme,
Et dans ce blé doré aux tiges fragiles, merci de votre présence.
Je ne suis que paille, fleur sans odeur ni âme.
Je nais où je veux, par besoin par hasard
Au grès des vents qui tendrement me bercent,
Laissant échapper de mon âme sans fard
Ce parfum qui me manque, immense peine d'une telle farce.
juan
Déclaration
Le jour se lève caressant les âmes endormies de ses mains chaudes,
Et la lune pâle voguant vers le pays du levant enterre déjà ses dernières lueurs.
Jour solennel dont impatient j'attendais l'arrivée, mes pensées s'échafaudent
Dans un tourbillon de joie, ivre d'amour et de bonheur.
Sentiments liant nos esprits, tu nous traverses le corps comme un glaive,
Et ta pureté nous cicatrise la plaie comme une main divine
Dont nous seuls connaissons ta force. Amours languissantes au pays des rêves
Je chante ton nom et ta beauté est une cascade cristalline.
Où êtes-vous le vent mon ami ? Votre souffle et mes bottes de sept lieux
Avant qu'arrivent les nues, m'emmener vers elle du côté des tours,
Là où la tendresse est reine en compagnie des dieux,
Mon coeur en bandoulière et mon âme de troubadour.
Me voilà ma belle, descendance des étoiles qui éclairent notre amour,
Je viens à tes pieds le coeur ruisselant de bonheur
Te déclarer en ce jour glorieux du haut de ces tours,
Ma passion enflammée dans ce bonheur qui nous entoure.
Juan
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