Le cercueil de l'amitié
Planches de chêne centenaire aux nervures nobles, aux poignés d'or,
Ou vulgaire sapin aux fibres sèches aux taches sombres,
Vos bois m'indifèrent de vos vies antérieures, de vos sols et de vos lords
Quand dix pieds sou terre nous serons plus que des ombres.
Jour de deuil aux palabres incencées, au scandale conjugal
D'une amitié effacée, quand la Romeraie de ses éclats nous invitaient...
Oh injustes lois aux textes bibliques qui partout voyaient le mal
Quand nos âmes endolories se mouraient dans de tristes pensées.
Le temps est passé de sa lourde main et de son esprit de fer,
Aux juges sévéres, aux verdics tranchants de cette sentence aveugle
Dont la lame séparatrice dans sa chute mortelle se moquait bien de hier,
Nous laissant agoniser l'un loin de l'autre dans une souffrance sprituelle.
Point de bois et point de poignées, notre cercueil sera la liberté
Emmenant nos pensées inachevées au grès du vent,
Comme ce jour à la Romeraie où nos âmes voltigeaient sans anxièté
Dans un monde transparent sans juges ni tourments.
Juan