Le pont de pierre
Je marche le long du ruisseau sur ses berges vallonnées
Caressant les hautes herbes d'un geste rêveur,
Faisant s'envoller papillons des daphnés
Dans une danse silencieuse de leurs ailes aux tendres couleurs.
Non loin de là à quelques regards émerveillés, le pont de pierre
Dont sa voute moisie suinte la douleur de son poids,
Par delà les vents les gels et la foudre et le lierre,
Que les soldats traverssèrent sur leurs jambes de bois.
Sous ses pieds centenaires le rapide torrent vagabonde
Ecumant sa colère de reflets ondulants,
Et son chant bruyant s'échappe de l'onde
Résonnant comme un coup de canon.
Et demain je reviendrai de mon pas lent en fin de journée
Me tenant presque droit sur ma jambe de bois,
Te regarder et t'admirer, me rappelant qu'il y a bien des années
Je te traversais de tout ton long courant aux abois.
Juan