La brindille
Le printemps t'apportait ses bourgeons à la peau tendre
Appelant ta sève qui d'un profond sommeil l'a réveillé,
Dans les profondeurs de cette terre entre source et ambre
Que tes racines cotoyaient dans un obscurité mouillée.
Tes feuilles souples apparurent par dizaines par centaines,
Grandissant et se fortifiant au soleil d'été, qui de là haut perché
De son éclat royal, les coloriait les transformant en reines,
Reines d'ombre et de fraicheur que j'avais su apprécier.
Te rappelles-tu de la pluie d'automne fraîche et fumante
Ruisselant sur ton corps et otant la mousse verdâtre ?
Les chenilles à la vie éphémère et aux mandibules bruyantes,
Qui déshabillaient ton corps en ces jours noirâtres.
Puis l'hiver est arrivé, impitoyable de son vent et de son gel,
De sa main brisante, se souciant peu de ton corps fragile
Te jetant à terre toi la branche aux couleurs miel,
Et te brisant l'échine pour te rendre humble brindille.
Te voilà flottant dans les tourbillons fous du ruisseau,
Toi qui a connu la hauteur et les grands vents
Quand ton corps se balançait aux piaillements des moineaux,
Quand leurs doigts fragiles t'agrippaient fermement.
Flotte ma brindille à travers les ondes du ruisseau,
Te faufilant de ta taille menue à travers souches entravées
Vers d'autres aventures, d'autres ondes que ce simple cours d'eau
Où la mer t'attend de son bleu ciel et de ses bras tendres pour t'enlacer.
Juan