Les écoliers
Te souviens-tu du temps où nous étions jeunes écoliers,
Quand nous courrions dans la cour et nous chahutions en classe,
Inconscients du bonheur quand la craie blanchissait nos tabliers,
Et que la maîtresse nous grondait sous des airs de tigresse.
Ah l'histoire de ces rois de France aux panaches tricolores,
Aux épées tranchantes et aux chevaux fougueux,
Qui piétinaient nos vertes prairies de leurs sabots d'or,
Nous laissant rêveurs sur nos bancs poussièreux.
Que la pluie nous semblait belle quand avec force elle tombait
Balayant la cour et essayant de nous caresser à travers les carreaux,
De ses gouttes éphémères qui lentement glissaient,
Formant sur les vitres des dessins rigolos.
Que de pages écrites et de sergent-majors émoussés,
Aux encriers de porcelaine de leur sang bleuté,
Dont nos doigts fragiles souvent s'imprégnaient,
Sous le regard moustachu du professeur de français.
Que de chemin fait depuis les tabliers gris,
Que nos mères repassaient de gestes tendres.....
Et au crépuscule de nos vies je sens encore aujourd'hui
L'odeur de l'encre bleue et de la poussière de craie tendre.
juan