La rose et le prisonnier
Bouture tu étais, que ma main à l'aurore avait plantée
Entre ces murs par les larmes impreignés,
Et la gorge nouée de sanglots ettoufés,
J'attendais ta première fleur en oubliant les années.
De sa clarté chatoyante le jour se lève me caressant les paupières collées,
Et mon premier soupir est pour toi qui pousse lentement,
Dans ce pot de grès fêlé que patiémment j'avais recolé,
Sans savoir qu'un jour tu y grandirais gentiment.
Le temps a passé, où comme deux gouttes d'eau les jours se ressemblent et se délabrent,
Et ta première fleur est sortie aux nervures transparentes et sages,
Décue de ne point avoir grandie sous un soleil tamisé par la ramure des arbres,
Et le soir arrivant, lisant Rimbaud je m'endors de cette belle image.
Ma rose aux pétales de douceur veloutée,
Egaye ma vie emmurée aux barreaux d'acier,
Que sur la fenêtre posée, le soleil d'été
De ses rayons discrets, caresse d'une douceur orangée.
Juan